Comment jouer en rythme à tous les coups ?

jouer en rythme : comment réussir sur n'importe quel instrument ?

Tu as envie de te mettre à la musique ou tu pratiques déjà, mais le rythme n’est pas ton fort ? Tu découvres que la pratique musicale est plus qu’une affaire de notes. Entre la pulsation, le tempo, les mesures : de nombreux paramètres forment le rythme. Et si on mettait tout cela entre parenthèses pour revenir à l’essentiel : l’ancrage de la pulsation dans le corps ? Parce musique et mouvement sont indissociables, voici les secrets pour réussir à jouer en rythme sur n’importe quel instrument.

Travailler le rythme, ça ressemble à ça :

1 – Jouer en rythme, c’est quoi exactement ?

jouer en rythme

La musique est intentionnelle 

Comprendre comment jouer en rythme revient à percevoir ce qui distingue la musique d’une succession de sons. Selon Le Robert, la musique est l’art de combiner des sons selon des règles. La musique existe si, et seulement si tous les critères sont au rendez-vous.

Imagine-toi en train de te promener dans la rue : il y a des travaux et tu entends un marteau-piqueur. Plus loin, tu passes devant un magasin dont la porte d’entrée est ouverte et une chanson s’échappe d’un poste de radio. À ton avis : comment fais-tu la différence entre le bruit de l’outil et la musique du magasin ?

Tu peux penser au fait que le marteau-piqueur dispose d’une seule note, à la différence des instruments que tu as entendus dans la chanson. Ok, mais une percussion peut aussi disposer d’une seule note. Tu as peut-être retenu la mélodie de la chanson : le refrain est vraiment sympa, d’ailleurs, tu l’as gardée en tête toute la journée. 

En fait, on joue de la musique lorsque l’on organise des sons pour en faire quelque chose de reconnaissable : la suite de sons est produite selon des règles de pulsation, de séquençage et de tempo. Le rythme est organisé de façon intentionnelle, à partir d’invariants reconnaissables par n’importe qui.

Pulsation, tempo, rythme : comment les distinguer ?

À la limite, on pourrait faire de la musique avec notre marteau-piqueur : en répétant une suite d’à-coups de façon fixe dans le temps, avec un tempo régulier et une pulsation repérable.

La pulsation en musique représente le battement qui revient en permanence dans le morceau, et qui martèle le temps. Un guitariste qui tape du pied pendant son jeu se donne les repères de la pulsation. Si tu claques tes doigts pendant que tu écoutes une chanson, tu marques la pulsation également.

Le tempo correspond à la vitesse de la pulsation. D’ailleurs, on mesure le tempo en battements par minute (bpm). Voici quelques exemples de bpm dans différents styles musicaux :

  • Tango : 50 à 56 bpm ;
  • Rap: 90 à 100 bpm ;
  • Salsa : 150 à 220 bpm.

Le rythme correspond à l’organisation des sons dans le cadre de la pulsation et du respect de sa vitesse. Le rythme, c’est la trame qui se répète sur une ou plusieurs mesures durant le morceau. 

La mesure divise le morceau en un nombre de séquences définies, et peut comporter 1 à 4 temps. Le temps a aussi sa valeur, correspondant à une note. La majorité des musiques que l’on écoute est pulsée. Elle dispose de l’architecture pulsation/tempo/rythme. 

Notre sensibilité à la musique tient d’abord à la pulsation : on ressent ce pattern quand on trouve le temps qui est le plus fort ou le plus important dans la mesure. La pulsation correspond souvent au premier temps de la mesure. C’est le cas de la musique classique. Pense à une valse en 3 temps et chante les 3 temps : tu verras que tu prononceras plus fort le  « 1 ». Mais chaque style musical a sa pulsation favorite : le 2 en rock, le 4 en samba ou en jazz, etc.

2 – Comment bien jouer en rythme ?

comment bien jouer en rythme ?

Tu disposes à présent des repères techniques pour comprendre ce qui rend unique la musique, mais comment produire ce rythme et être suffisamment bon sur un instrument ? Pour réussir à jouer en rythme, le secret se passe dans ton corps. C’est le meilleur instrument que tu puisses avoir.

En fait, il faut que tu imagines ton instrument de musique comme le prolongement de ton corps, et non l’inverse. Les notes que tu produis peuvent être excellemment maîtrisées : si tu ne sais pas les mettre en œuvre dans le temps, tu ne feras pas de musique.

La pulsation est en fait la base de tout, y compris dans notre vie : pense aux battements de ton cœur. La pulsation est en nous, mais on a tendance à la mettre en sourdine, à ne pas y prêter attention. Elle émane naturellement de nous, en tapant du pied, en frappant des mains, en hochant la tête à intervalles réguliers lors d’un concert, ou en dansant. 
Le bon musicien est donc un bon rythmicien : il a développé un ancrage de la pulsation suffisamment maîtrisé pour y intégrer des notes tout en gardant le tempo. Le sens du

rythme n’est pas ce qui nous époustoufle lorsque l’on écoute un virtuose au piano ou au violon. Mais penses-tu que cette prouesse technique et émotionnelle serait possible sans une bonne rythmique ?

Apprendre la musique n’est pas seulement une affaire d’oreille. Il faut plutôt imaginer l’apprentissage de la musique comme un effet de synergies psychomotrices. En ancrant le rythme dans nos mouvements, nous aiguisons notre écoute et nos émotions : le cercle vertueux pour devenir un bon musicien.

3 – Avoir le rythme dans la peau : inné ou acquis ?

Avoir le rythme dans la peau : inné ou acquis ?

Certaines personnes n’ont pas du tout le sens du rythme : on en connaît tous ! Ils sont de piètres danseurs et ils s’imaginent difficilement derrière un pupitre en train de jouer de la musique. Parfois, ils n’en ont pas conscience : c’est l’entourage qui l’exprime. Une fatalité ? Pas tout à fait. Certains présentent vraiment une pathologie, mais c’est loin de représenter la majorité des situations.

Il existe bien un trouble de la perception de la musique, que l’on appelle l’amusie. Cela ressemble à une destination touristique rigolote, mais c’est loin d’être amusant. Les personnes atteintes de ce type de trouble entendent du bruit (le marteau-piqueur) alors qu’une chanson passe à la radio. 

Cette pathologie atteint environ 4 % de la population occidentale. Cela paraît simple, mais la perception est un phénomène complexe, composé de différents canaux de transmission simultanés. L’amusie peut atteindre :

  • La capacité à percevoir la tonalité (la force ou la faiblesse d’une note) ;
  • La perception de la mélodie (ce qui donne la musicalité à un air) ;
  • La reconnaissance du timbre (d’un instrument ou d’une classe d’instrument) ;
  • La compréhension du rythme.

Dans le dernier cas, on parle de « surdité rythmique » : une étude CNRS/Inserm démontre l’existence d’un retard d’encodage des sons entre le cortex auditif et le cortex frontal, jouant un rôle central dans la coordination des mouvements (entre autres). 

Bonne nouvelle : de nombreuses équipes travaillent pour mettre au point des méthodes de rééducation. Par ailleurs, la surdité rythmique est un phénomène rare, n’expliquant pas pourquoi autant de personnes se retrouvent dans une situation difficile quand il faut battre la mesure.

Jouer en rythme s’apprend. La rythmique est une compétence musicale qui doit suivre une certaine trajectoire. En pratique, on passe beaucoup de temps à intégrer les valeurs des notes (ronde, blanche, noire, croche, etc.). Mais on voit peu d’élèves en mouvement dans la pièce au sein des Conservatoires : c’est bien dommage.

4 – Quelles solutions pour s’améliorer en rythme ?

quelles solutions pour s'améliorer en rythme ?

Il existe des solutions pour s’améliorer et enfin jouer en rythme, quels que soient ton âge et ton niveau d’expertise instrumentale. La dimension culturelle ne t’aura pas échappé : le monde Occidental est féru de pratique musicale, mais qu’en est-il de notre capacité à jouer en rythme ?

Nombreux sont les enfants qui disposent de leçons de musique ou d’éveil musical dès leur plus jeune âge. Pour autant, nous sommes prisonniers de nos carcans. D’une part, nous avons mis l’accent sur les plus grands compositeurs de l’histoire de la musique, plutôt que nos us et coutumes, très liées également à la pratique musicale. 

D’autre part, l’éducation musicale est une discipline plutôt qu’un moyen de communiquer. Nous privilégions la technique à l’expression dans nos institutions éducatives. Derrière cela : aucune fatalité. La prise de conscience permet de prendre un chemin de traverse et d’accéder enfin à une pratique musicale en rythme et sans complexe.

Privilégier la marche au métronome

Le métronome est un bon outil pour garder le rythme lors d’une augmentation ou une diminution de tempo. Mais il n’est en aucun cas ton l’outil qui va te permettre d’ancrer ta pulsation. Marcher est la première chose à faire pour améliorer ta rythmique. Eh oui, en démarrant, en faisant des pas réguliers, en t’arrêtant lors d’un temps donné : tu réalises un travail sur la pulsation.

Ensuite, tu peux corser progressivement l’exercice : tu peux sauter toutes les 3 pulsations, interagir avec d’autres tout en maintenant un tempo régulier, taper les contre-temps avec les mains pendant que tu marques le temps avec tes pieds, etc. 

Sache que le corps peut devenir une discipline musicale à part entière. La percussion corporelle est un genre musical à part entière qui utilise le corps pour produire les rythmes et la mélodie. La voix peut devenir également un instrument à part entière dans le beat box et le scat.

Expliciter le rythme en comptant

La plupart des personnes qui ont des problèmes avec le rythme le disent : elles entendent la musique, mais le corps « ne suit pas ». Il est vrai que la pulsation est une voie aisée pour certains : pas besoin de réfléchir, dès qu’ils entendent les premières notes d’une chanson, ils se mettent à bouger. Pour d’autres, cela demande plus de persévérance. 

Qu’à cela ne tienne : il n’y a rien d’impossible. Si tu es dans cette situation, aide ton cerveau à prendre ses repères en écrivant tout ce qui va se passer en terme de mouvement dans le morceau, indique où se trouve la pulsation de façon explicite pour t’entraîner.

Disposer d’un accompagnement rythmique sur mesure

Tu l’auras compris : jouer en rythme est le fruit de plusieurs sens activés simultanément. Pour parvenir à des résultats et jouer en rythme sur ton instrument préféré, tu peux prendre tout des cours de rythmique, proposant une méthode progressive et adaptée à ta situation.

Bonne nouvelle : l’école Impro Musique a élaboré une formation courte accessible de chez toi, basée sur 10 exercices pour découvrir la clé du rythme, et ancrer la pulsation dans ton corps. Tu découvriras enfin que tu as le « rythme dans le sang » : il suffisait de le mettre en circulation !

 

À très vite,

L’équipe d’Impro Musique

4 réponses à “Comment jouer en rythme à tous les coups ?”

  1. Très intéressant ce sujet !
    Je crois que je ne maitrisais pas bien la différence entre pulsation et tempo… Pourtant, là, ça parait logique et évident !
    Je ne connaissais pas ce trouble qu’est l’amusie, ça ne doit vraiment pas être évident à vivre au quotidien…

    En ce qui me concerne, j’intègre bien des pulsations simples. Mais pour avoir suivi le live Facebook sur le rythme, dès que, dans les exercices, il fallait coordonner pieds et mains, il n’y avait plus personne !
    J’ai donc un gros boulot à faire la dessus.
    Mais je comprends mieux pourquoi quand je suis au piano, à la moindre petite erreur; très souvent, je me perds… C’est en partie parce que je n’ai sans doute pas bien intégrer la pulsation.
    Il n’y a plus qu’à !!

  2. […] ➥ À LIRE AUSSI : comment jouer en rythme à tous les coups ? […]

  3. […] n’y a pas meilleur moyen que l’improvisation pour gagner en rythme. Eh oui, jouer de la musique de façon spontanée est très efficace pour prendre de bonnes […]

  4. […] par notre capacité à jouer ce qui diffère entre les deux mains, tout en se basant sur le même rythme au piano. Car, bien que les deux mains jouent des variations particulières, certains moments du morceau […]

Laisser un commentaire

En savoir plus sur Le Blog Impro Musique

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading